Qu'est-ce qu'un pair-aidant ? C'est une personne qui, de par les difficultés qu'elle a traversées – grande précarité, addictions, troubles psychiques –, a développé des connaissances et compétences lui permettant de mieux aider ses pairs.
Elle peut être embauchée, en tant que travailleur pair, au titre de son vécu et de son "savoir expérientiel".
"En recrutant un pair-aidant, l'employeur peut chercher à améliorer l'accroche et l'adhésion du public, à mieux faire passer certains messages, mais il doit aussi être prêt à modifier en profondeur le fonctionnement du service et l'accompagnement", prévient Alexandra Briacca, l'une des deux chargées de mission de la plateforme de promotion du travail pair, qui accompagne 15 employeurs et 50 travailleurs-pairs.
"Nous avons ainsi constaté un grand besoin d'accompagnement des équipes qui intègrent des travailleurs pairs en tant que salariés", poursuit-elle.
Elle accompagne des structures intervenant dans les domaines de l'hébergement, de la santé mentale, de l'addictologie : "services de réhabilitation, de réduction des risques, lieux d'accueil atypiques, équipes mobiles, dispositifs du type 'un chez soi d'abord' , beaucoup font de l''aller-vers' ".
En amont du recrutement, Alexandra Briacca peut aider l'employeur à identifier des missions, à rédiger une fiche de poste, et à lever les éventuelles réticences de l'équipe.
"Il faut bien expliquer à l'équipe pourquoi on recrute un travailleur pair, à quel besoin ça répond, qu'il n'a pas vocation à remplacer un professionnel classique mais à apporter un regard complémentaire pour améliorer la réponse à l'usager", prévient-elle.
Pour choisir le bon profil, l'employeur devra évaluer "la capacité du travailleur pair à utiliser son savoir expérientiel pour aider les autres, et à composer avec les impératifs de la structure et sa culture d’intervention".
Ce qui suppose qu'il ait lui-même pris du recul sur ses expériences passées.
Pour faciliter l'intégration du travailleur pair, il faut "prendre en compte le fait qu'il n'a parfois pas travaillé depuis dix ans", mais aussi et surtout éviter de le stigmatiser : "lui laisser de l'autonomie pour expérimenter, prendre en compte sa parole, ne pas douter de sa légitimité", souligne Alexandra Briacca.
On peut lui proposer des formations ponctuelles - animer un groupe de parole, conduire un entretien, utiliser l'outil informatique - ou organiser des échanges entre pair-aidants.
"Les missions du travailleur pair ne sont pas différentes de celles du reste de l'équipe, il peut faire des maraudes, de l'accompagnement global, des entretiens individuels, ou avoir des missions spécifiques comme animer des groupes de parole thématiques".
De par sa posture et sa manière s'exprimer, le travailleur-pair peut faciliter le premier contact avec le public, susciter l'adhésion, et libérer la parole sur des sujets délicats comme celui des addictions.
"Il a une connaissance des besoins du public, de ses habitudes et de ses stratégies au quotidien. Il peut dire si les horaires et lieux de maraudes sont adaptés. Il peut faciliter l'accès à des personnes en rupture, qui vivent en squat. Donc il peut apporter beaucoup et faire évoluer les pratiques du service", conclut Alexandra Briacca.
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